Noren, le rideau japonais polyvalent

Noren, le rideau japonais polyvalent

Le noren fait partie du décor que l’on découvre quand on se promène dans un vieux quartier japonais. Il trouve tout naturellement sa place sur les enseignes des petites échoppes, des magasins et des restaurants. Ce rideau fendu dans la longueur se présente sous la forme de panneaux de tissu. Il est pendu à une porte, ou bien installé sur une façade, et il suffit de le traverser pour entrer dans un magasin. Mais saviez-vous qu’en plus d’être décoratif, le noren japonais peut servir de panneau d’affichage ?

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Qu’est-ce qu’un noren ?

Le noren est un rideau traditionnel japonais que l’on accroche sur la devanture d’un commerce, à une porte, ou bien sur une fenêtre. Ce rideau est généralement posé sur une tringle en bambou, en bois ou en métal. Le rideau est fendu dans le sens de la hauteur pour faciliter le passage.

noren blanc avec kanji

On peut trouver différentes dimensions de rideaux fendus, avec 2, 3 ou davantage de panneaux pour les noren larges. La longueur varie également puisqu’il existe des noren courts, mi-longs et longs.

Les rideaux traditionnels sont en coton ou en lin. On trouve désormais des panneaux de tissu japonais en chanvre ou en matières synthétiques.

Les couleurs les plus utilisées sont l’indigo, le blanc, le vert et le rouge. Les commerces choisissent les couleurs en fonction de ce qu’ils vendent. Même si certaines couleurs reviennent plus souvent que d’autres, aucune teinte n’est laissée de côté. Les Japonais utilisent aussi une grande variété de motifs traditionnels et modernes.

La plupart du temps, les commerçants ont des rideaux sur mesure, avec le nom et le logo de la boutique. Ils affichent des informations personnalisées, avec des illustrations ou des kanji (les caractères d’écriture), sur les produits ou les services proposés.

Le rideau japonais n’a donc pas qu’une fonction décorative. Il sert aussi à indiquer des informations sur le commerce ou sur l’établissement. Le panneau peut renseigner sur le type de cuisine ou sur la spécialité d’un commerce. On peut aussi y trouver d’autres informations utiles comme les horaires et les réseaux sociaux de l’entreprise.

Quelques exemples de noren que vous verrez souvent au Japon

Ci-dessous, le noren d’une boutique dont le kanji indique que l’on peut y trouver du Kakigōri, la glace japonaise. Si vous vous promenez au Japon pendant l’été, vous croiserez régulièrement ces signes.

noren Kakigōri

Voici un autre rideau de porte japonais que vous verrez souvent. Celui-ci porte l’indication ゆ qui se prononce « yu », et peut se traduire par « eau chaude ». On le trouve sur la façade des bains publics.

rideau de porte japonais pour bain public

Ci-dessous deux rideaux qui indiquent l’entrée des bains chauds pour femmes (女), et pour hommes (男). Si vous voulez profiter des bains japonais, mais que vous n’arrivez pas à mémoriser ces kanji, souvenez-vous qu’au Pays du Soleil Levant, le rouge représente les femmes et le bleu les hommes.

noren bains publics

Finalement, le rideau d’entrée d’un restaurant de soba (そば).

rideau japonais restaurant de soba

Pourquoi les Japonais mettent-ils des rideaux aux portes ?

Il y a bien longtemps, les Japonais ont commencé à utiliser des rideaux de porte pour se protéger de la chaleur ou du froid. Les marchands utilisaient les rideaux à fentes pour éviter que les produits ne soient exposés au soleil. Les rideaux pour porte servaient également à se protéger de la poussière et du vent. Dans ce cas, on choisissait un noren long.

noren d'entrée

Les noren mi-longs permettaient de bénéficier d’une certaine protection, tout en laissant entrapercevoir l’intérieur. Ce type de rideau incitait davantage les clients à entrer.

Enfin, les noren courts pouvaient servir de démarcation pour indiquer la cuisine ou une autre pièce. On peut encore les trouver en façade ou à l’entrée de divers établissements comme les izakaya, ces petits restaurants à l’ambiance conviviale.

On dit qu’autrefois, les clients des yatai (des échoppes ambulantes) s’essuyaient les mains sur le noren en partant. Pour le vendeur, un noren très sale signifiait que le restaurant avait eu du succès.

À notre époque, les restaurateurs qui ont un noren, ont l’habitude d’accrocher le rideau à l’ouverture et de le décrocher à la fermeture. Les clients peuvent ainsi facilement savoir si le restaurant est ouvert ou fermé, même s’il n’y a pas de fenêtre sur l’avant.

Les rideaux fendus sont communément utilisés dans les échoppes, mais aussi dans les habitations. On peut s’en servir pour séparer une pièce, pour indiquer une entrée ou la cuisine. Quand on les accroche à la fenêtre, ces rideaux japonais bloquent la vue, tout en laissant passer la luminosité.

Comment utiliser le noren chez soi ?

Vous pouvez introduire de la décoration japonaise chez vous sans trop d’efforts en choisissant quelques accessoires. Le rideau noren s’installe facilement sur une porte ou sur une fenêtre. Côté style, les possibilités sont multiples : vintage, tie and dye, paysage, personnages, ou même dégradés de couleurs.

D’abord, vous pouvez utiliser le noren japonais comme un store, en l’accrochant devant une porte. Dans le même esprit, votre rideau de style japonais pourra servir de décoration pour l’entrée d’une pièce ou de séparation en tissu.

Même si ce type de rideau est plutôt conçu pour les portes, vous pourrez tout à fait l’utiliser sur les fenêtres, comme n’importe quel autre rideau à pattes.

Vous pouvez aussi fixer un rideau à la Japonaise au mur, comme décoration murale. En plus des tissus à motifs traditionnels comme la grue, le Daruma ou encore le Maneki neko, il existe un choix varié de tissus. On trouve des étoffes modernes avec des formes abstraites, des motifs géométriques, des personnages de la pop culture ou des paysages japonais.

Enfin, le rideau fendu japonais est parfait pour habiller un placard, un dressing ou une penderie. Il suffit alors de l’utiliser en remplacement des portes.

Hanayome noren, le rideau nuptial

Les Hanayome noren sont des rideaux spéciaux, que l’on réserve à une cérémonie de mariage traditionnelle. Ils sont originaires de la préfecture d’Ishikawa, et plus particulièrement de la ville de Nanao. On peut aussi parler du noren de mariage comme d’un « rideau nuptial ».

On fabrique ces rideaux avec la technique « Kaga yuzen », qui est spécifique à la région. Le but de cette méthode est de réaliser sur le tissu les motifs de fleurs ou de plantes, de la façon la plus réaliste possible. Les couleurs de prédilection sont le bleu indigo, le violet, le rouge, l’ocre jaune, ainsi que le vert foncé. Cette technique de peinture très méticuleuse peut aussi servir à peindre le tissu d’un kimono.

Le Hanayome noren appartient à une tradition bouddhique qui remonte au 19e siècle. Selon la coutume, on accroche le rideau à l’entrée de l’autel, dans la maison du futur mari. Le jour du mariage, c’est la mariée qui traverse le rideau pour rejoindre son époux.

Tout comme la robe de mariée, le noren nuptial n’est utilisé qu’une seule fois. Ces rideaux nuptiaux sont luxueux, et sont donc assez chers. Après la cérémonie, le rideau est plié et conservé par le couple. Certains noren sont quant à eux exposés dans le musée de la ville.

Si vous vous rendez dans la région, n’hésitez pas à visiter le Musée du noren de mariage. Depuis 2016, il expose les plus beaux rideaux nuptiaux, dont certains datent de l’ère Meiji. Le musée propose également de vivre l’expérience, en revêtant un kimono de mariage, puis en passant à travers le Hanayome noren.

Les différentes techniques de teinture du noren

Les Japonais utilisent différentes méthodes traditionnelles pour teindre le tissu. Le choix de la méthode peut dépendre de la région de l’artisan ou bien du résultat qu’il souhaite obtenir. Pour la fabrication artisanale, on utilise des teintures à base de plantes. Les différentes techniques sont les suivantes :

  • Katazome : cette méthode consiste à utiliser un pochoir préalablement découpé dans du papier washi. On réalise l’impression du motif sur une étoffe grâce au pochoir et à une pâte spéciale qui délimite les zones à teindre.
  • Shibori : il s’agit ici de créer des motifs en pliant le tissu, avant de le teindre. On peut aussi appeler cela un tie and dye.
  • Yūzen : on utilise de la pâte de riz pour éviter les transferts de couleur. Il y a plusieurs applications de la pâte, et l’on peint certains motifs à la main.
  • Roketsu : c’est la méthode de teinture traditionnelle de Kyoto, avec de la cire résistante. Il s’agit de teindre le tissu avec de l’indigo, en créant un motif avec la cire.
  • Chusen : ou « teindre en versant ». Cette technique permet de teindre le tissu sur les 2 faces. On teint plusieurs couches de tissu en une fois, en utilisant une pâte et un pochoir pour délimiter les zones à teindre.

Vous pouvez découvrir quelques-unes de ces techniques au Musée de Somé Seiryu à Kyoto. Si vous visitez la ville, vous pouvez même apprendre à fabriquer votre propre noren en utilisant la technique roketsu, au Yamamoto Roketsu dyeing studio.

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