Vous connaissez sans doute le daruma, cette petite poupée ronde, souvent rouge, avec un visage déterminé. Cette figurine japonaise est bien plus qu’un objet décoratif, puisqu’elle vous aidera à réaliser votre souhait le plus cher.
Qu’est-ce qu’un daruma ?
Le daruma est une figurine originaire de Takasaki, dans la préfecture de Gunma au Japon. Les premières statuettes datent du 18e siècle. On les utilise pour la réalisation de vœux, pour la prospérité ou encore pour attirer la chance (au même titre que le maneki neko).
Cette figurine à souhait représente le moine Bodhidharma, le créateur de l’école du bouddhisme zen. Le mythe raconte que ce dernier, venu pour prêcher le Dharma dans un monastère Shaolin, et s’étant vu refuser l’accès au bâtiment, aurait alors médité en position zazen pendant 9 ans.
Toujours d’après la légende, le moine se serait légèrement assoupi à la 7e année. Furieux contre lui-même, il aurait arraché ses propres paupières pour éviter de s’endormir à nouveau. Il aurait jeté les membranes au loin, provoquant l’apparition d’un arbre à thé à l’endroit même où elles touchèrent le sol. Certains y voient le point de départ de la culture du thé et de sa consommation par les moines.
Mais revenons à ces 9 années, pendant lesquelles Bodhidharma resta immobile, tout en fixant le mur du monastère. Au bout du compte, ce stratagème s’avéra payant, puisqu’on l’autorisa à entrer au bout des 9 ans. C’est pour cela que la figurine daruma est considérée comme symbole de persévérance.
On attribue la forme arrondie du porte-bonheur, qui ne possède ni bras ni jambes, à une autre partie de la légende. Selon ce récit, le moine Bodhidharma aurait vu ses membres pourrir à force de maintenir la position de méditation…
Les caractéristiques de la figurine
Un daruma peut mesurer de 10 à 60 cm. C’est une figurine creuse fabriquée artisanalement avec du papier mâché appelé washi. On reconnait ce talisman aux caractéristiques de son visage sur lequel sont peints une moustache, de gros sourcils et des yeux vides. Certains passionnés de folklore japonais pensent que la statuette ne possède pas de pupilles en référence aux paupières arrachées de Bodhidharma. Les sourcils et la moustache représenteraient respectivement une grue et une tortue, car ces deux animaux symbolisent la longévité au Japon.
Pourquoi le daruma est rond ?
La forme ronde du daruma rappelle le sacrifice du moine Bodhidharma qui a perdu ses membres en méditant, comme nous l’avons vu précédemment. Cette forme spécifique évoque également la persévérance, puisque comme un culbuto, la figurine reprend toujours sa position initiale si on la fait basculer. Cela symbolise la volonté de se relever pour atteindre ses objectifs, en dépit des obstacles et de l’adversité. Cette volonté se résume par le proverbe japonais « nanakorobi yaoki » qui signifie « sept fois à terre, huit fois debout ». Notons tout de même qu’à notre époque on place un petit socle sous le daruma. Ce socle remplace la pastille qui bouchait à l’origine le trou de la statuette.
Les kanjis et la couleur
Sur la face du daruma, on découvre des kanjis, ces caractères chinois que l’on retrouve aussi dans la langue japonaise. Ils peuvent représenter la chance, la persévérance ou encore la fortune. La couleur la plus commune est le rouge, puisqu’elle rappelle la tenue arborée par le moine Bodhidharma. Un daruma rouge sert à attirer la chance et à repousser les mauvais esprits. On choisit un daruma rose pour les vœux d’amour, blanc pour le mariage et la pureté. Le doré s’utilise pour la fortune et le noir pour éviter la malchance. Pour un souhait en lien avec la santé, on préférera un daruma vert. Le daruma rouge reste tout de même une valeur sûre, puisqu’il doit vous protéger sur tous les plans.
Il existe aussi une statuette porte-bonheur bleue, le matsukawa daruma. C’est la seule poupée qui se vend avec les yeux déjà peints. Ce daruma a la particularité d’avoir la face du corps bleu et l’arrière rouge. Sur le devant, on remarque une décoration qui représente le Takarabune, le navire aux trésors. Il symbolise l’embarcation des 7 divinités du bonheur. Ces figurines traditionnelles viennent de la préfecture de Miyagi.
La fabrication des figurines
Ces statuettes sont toujours fabriquées de façon artisanale dans la ville de Takasaki au nord de Tokyo. C’est d’ailleurs cette ville qui produit 80% des darumas au Japon. Pour faire un daruma, on utilise du papier mâché, qui sera malaxé, bouilli et mélangé avec de la colle. On met cette préparation dans un moule jusqu’à ce qu’elle sèche. Après ces étapes, on peint la figurine en blanc, puis avec une deuxième couche de la couleur définitive.
Plus tard, on ajoute la peinture du visage et du corps. Les poupées rondes traditionnelles sont ensuite séchées à l’aide de tiges en bambou. Finalement, on colle une pastille sous la statuette ou on place un socle pour boucher le trou inférieur.
Le daruma dans la culture contemporaine
La figurine daruma n’est pas un objet ordinaire. C’est un symbole important de la culture japonaise, qui a su traverser les époques en restant d’actualité. On peut dire qu’il est l’un des représentants du savoureux mélange de tradition et de modernité propre au Japon.
Même si le daruma ne date pas d’hier, il est toujours très présent dans la culture et dans les habitudes des Nippons. On le retrouve chez les particuliers, dans les commerces, les restaurants… Les figurines accompagnent même certains hommes politiques en période de campagne électorale.
Plusieurs jeux enfantins s’inspirent du daruma. C’est le cas du darumasan ga koronda, une sorte de 1, 2, 3 soleil à la japonaise. Un autre jeu, le daruma Otoshi, se pratique avec des pièces en bois et fait appel à l’adresse. On retrouve aussi ce personnage mythique dans la série Pokémon. Le darumarond, qui est un Pokémon qui se change en darumacho, ressemble beaucoup à la figurine.
Le daruma est également très prisé par les touristes, puisque c’est un objet typique du folklore japonais. On peut facilement l’emporter dans ses valises comme souvenir du Japon. Il n’est pas rare de trouver des goodies à l’effigie de daruma : baguettes, vêtements, peluches, etc !
Comment utiliser un daruma ?
En dehors de son aspect décoratif, la statuette s’utilise selon un rituel bien précis. La première étape consiste à dessiner la pupille du premier œil à l’encre noire, en pensant à son vœu. Certains écrivent même leur aspiration sur le daruma.
Après cela, on pose le daruma en hauteur dans la maison. Il doit rester visible, pour permettre à son propriétaire de se souvenir de son objectif. Voir le daruma tous les jours doit vous pousser à agir pour réaliser votre rêve.
On pourrait penser qu’un daruma s’utilise comme le génie d’une lampe, qui exaucerait les souhaits. Ce n’est absolument pas le cas. Il représente un instrument, un accompagnateur qui vous aide à atteindre une aspiration. Rappelons-nous que le daruma symbolise avant tout la persévérance, il incite à l’action, plutôt qu’à attendre une intervention magique. Il rappelle également les enseignements du Bouddhisme Zen qui parlent de patience, de sacrifice et de ténacité.
Si vous êtes parvenu à réaliser votre souhait, vous pouvez tracer la deuxième pupille du daruma. On dessine l’œil manquant pour remercier la divinité qui vous a aidé à atteindre votre objectif.
Libérer la divinité par le feu
Au Japon, les darumas provenant des temples y sont brûlés un an plus tard lors d’une cérémonie qui s’appelle daruma Kuyo. Vous pouvez y assister en février, au temple Nishiarai Daishi, au nord de Tokyo.
Le fait de détruire un daruma par le feu permet de libérer la divinité.
Après le rite, vous avez l’occasion de renouveler votre vœu ou d’en faire un autre auprès d’un nouveau daruma.
Si vous n’avez pas la possibilité de vous procurer un daruma dans un temple, sachez que vous pourrez en trouver une grande variété sur internet. Découvrez les darumas sur Amazon et choisissez le vôtre !
