Uchiwa, l’incontournable éventail japonais

Uchiwa, l’incontournable éventail japonais

L’uchiwa, l’éventail japonais rond est un accessoire pratique et décoratif. On l’utilise pendant les fortes chaleurs pour se ventiler, mais on peut tout aussi bien l’exposer comme objet d’ornement. Découvrez les origines de cet objet artisanal japonais et les différents types d’uchiwa que l’on peut trouver.

Qu’est-ce qu’un uchiwa ?

Un uchiwa est un éventail du Japon que l’on reconnaît à sa forme arrondie. Il ressemble à une raquette, possède un manche fixe et ne se plie pas.

éventail uchiwa
Uchiwa vintage

En occident, on connaît peu ce type d’éventail, mais il est très familier chez nos amis nippons. D’ailleurs, si on voulait représenter l’été japonais, on placerait côte à côte un éventail uchiwa, un furin et une glace Kakigōri.

Les Japonais aiment porter cet éventail pour se ventiler, mais aussi comme un accessoire de mode. On l’associe volontiers avec un yukata, le kimono d’été.

Cet éventail nippon sert également à d’autres choses comme faire refroidir le riz et chasser les insectes.

Il ne faut pas le confondre avec d’autres éventails comme le sensu et le ougi. La forme du uchiwa, ressemble aussi beaucoup au gunbai, un éventail en bois qu’utilise le gyōji (un arbitre de Sumo), dans le cadre d’un combat.

Les modèles historiques sont décorés avec du uchiwa-e, un style d’estampes japonaises réservé à ces éventails. Ces gravures sont également conservées sur des feuilles, où leur dessin prend l’aspect de l’éventail rigide.

L’éventail aujourd’hui

On peut rencontrer cet accessoire tout au long de l’été dans les cérémonies ou encore dans les festivals. Grâce à sa forme étendue, il offre un support idéal pour le texte, et les entreprises l’utilisent comme objet publicitaire.

éventails japonais uchiwa
Éventails japonais

Bien souvent, des employés distribuent des uchiwa publicitaires aux passants. Ils affichent un message publicitaire, avec le logo de la société.

On peut également trouver des uchiwa sans décorations dans les magasins à 100 yens. Le but est de les décorer à la main.

Ce concept plait particulièrement aux enfants, qui aiment dessiner et peindre des uchiwa qu’ils offrent ensuite à leurs parents.

Les éventails uchiwa en bambou sont conçus de façon artisanale, selon un savoir-faire très ancien qui se transmet de génération en génération. 

La réalisation d’un seul uchiwa nécessite jusqu’à 33 gestes précis pour travailler le bambou séché et le papier japonais.

Au Japon, on peut aussi trouver des uchiwa en plastique qui respectent la forme d’origine de l’éventail en bambou.

Ce sont d’ailleurs ces modèles moins onéreux qui font office d’objets marketing ou de cadeaux lors d’évènements particuliers.

Les symboles associés à l’éventail

Pour certains Japonais, la forme, les couleurs ou les motifs de cet accessoire ont une signification. La forme d’un éventail pliable symbolise l’accroissement de la richesse, puisqu’on l’étale en l’ouvrant.

Au niveau des couleurs, on trouve à peu près les mêmes symboles que pour les figurines maneki-neko et daruma. Les éventails dorés attirent la fortune, alors que le rouge et le blanc portent chance.

En dehors de la forme et des teintes, les ornements ont aussi leur importance. Parmi les grands favoris, on trouve les motifs traditionnels tels que les fleurs de prunier, les fleurs de cerisier et les oiseaux.

D’autres dessins de l’esthétique japonaise comme la carpe koi et les motifs répétitifs restent également très populaires.

Les origines de l’éventail rond japonais

Les éventails trouvent leurs origines en Chine, en Grèce et en Égypte. Les premiers éventails pliants sont apparus au Japon au 7e siècle. Comme souvent, cette innovation fut d’abord réservée aux personnes de la haute cour. Des lois officielles permettaient même de réglementer le port de l’éventail.

Les éventails japonais ronds uchiwa, servaient en premier lieu d’objets sacrés, que les moines bouddhistes utilisaient lors de cérémonies religieuses. On les employait aussi dans la famille impériale japonaise pour se protéger du soleil ou pour dissimuler son visage.

En dehors des personnes aisées, on trouvait l’éventail au théâtre kabuki et dans les représentations de danse traditionnelle.

Les éventails à partir de l’ère Edo

Ce n’est que pendant l’ère Edo, dès 1615, que l’éventail non pliant devient accessible à toutes les classes sociales. C’est surtout le cas à Edo, l’ancienne capitale, alors que les autres types d’éventails restent les préférés de la noblesse de Kyoto.

Historiquement, les hommes utilisaient des éventails pliants, alors que les uchiwa étaient plutôt réservés aux femmes.

Les premiers éventails peints au Japon sont produits vers 1680. Les décorations représentent des personnages ou des acteurs de kabuki. En dehors des gravures d’artistes, on peut trouver des illustrations de paysages et de nature. Sans oublier les estampes de guerriers majestueux.

Aujourd’hui, il ne reste que quelques-uns de ces éventails anciens. Comme ces accessoires faisaient partie de la vie quotidienne, les manipulations répétées provoquaient des détériorations au fil du temps.

éventail uchiwa, kimono et obi
Femme qui range son éventail dans son kimono

L’éventail japonais commence à s’exporter à partir de l’ère Meiji (1868 – 1912). Les étrangers apprécient cet objet typiquement japonais que l’on peut utiliser ou exposer chez soi.

Au milieu des années 60, la popularité de l’éventail uchiwa diminue un peu en raison de l’arrivée des ventilateurs électriques.

Même si l’éventail non pliable a perdu son caractère indispensable, en partie à cause des ventilateurs à main, les Japonais l’affectionnent toujours autant. Ils continuent de l’utiliser quand ils se rendent aux festivals d’été et aux feux d’artifice.

Après tout, il représente bien plus qu’un moyen de se rafraîchir, c’est un véritable accessoire de mode et un objet publicitaire efficace.

Les 4 types d’éventails ronds

Il existe différents styles d’éventails japonais non pliables, dont la fabrication peut nécessiter des matériaux comme le bambou, le papier japonais washi ou encore le tissu. Ils peuvent présenter une forme ronde, ovale ou carrée selon le savoir-faire de l’artisan.

Marugame uchiwa

Dans la ville de Marugame, dans la préfecture de Kagawa, on fabrique les Marugame uchiwa. Les premiers éventails de la région datent du début de la période Edo.

À cette époque, les pèlerins du sanctuaire Konpira les achetaient comme souvenir. On les reconnaissait à leur couleur rouge et au caractère doré du sanctuaire.

La fabrication des uchiwa s’est accélérée de 1781 à 1789, quand les samouraïs en confectionnaient pour augmenter leurs revenus. De 1955 à 1964, le Japon atteint un point culminant dans la production d’éventails, qui diminue plus tard, avec l’arrivée des ventilateurs électriques.

Aujourd’hui, la ville de Marugame produit 90% des éventails du Japon, un chiffre impressionnant pour cette ville qui se situe au cœur de la plus petite préfecture du pays. 

Les éventails de Marugame peuvent se distinguer à leur manche plat en bambou. On peut découvrir le savoir-faire des artisans en visitant le Uchiwa no Minato Museum. Dans ce musée, on peut apprécier les évolutions de styles, mais aussi participer à un atelier de fabrication pour créer son propre uchiwa.

Boshu uchiwa

Partons ensuite dans la préfecture de Chiba. Dans les villes de Tateyama et Minamiboso, on produit les boshu uchiwa. Ils sont apparus pour la première fois entre 1781 et 1788 dans la région de Kanto. On pense que la fabrication d’éventails de Tateyama a débuté en 1877.

Pour ces modèles, il ne faut pas moins de 21 étapes de fabrication. On utilise un bambou d’à peu près 1,5 cm d’épaisseur, que l’on coupe en 64 parties. On les attache ensuite avec des fils.

Si auparavant on préférait les dessins traditionnels de femmes, aujourd’hui d’autres motifs s’imposent. On peut découvrir des ambiances végétales ou bien des formes géométriques.

Kyo uchiwa

Dans la préfecture de Kyoto on fabrique les kyo uchiwa. Ces modèles s’inspirent des éventails coréens. Ils sont arrivés au Japon au 14e siècle, par le biais de pirates qui circulaient le long des côtes de Chine et de Corée. On les a ensuite appelés Miyako uchiwa, c’est-à-dire éventail de la capitale, puisqu’à l’époque, Kyoto était la capitale de l’archipel japonais.

Pour ce type d’éventail, on attache la poignée séparément. Cette spécificité existe depuis le 19e siècle. Les éventails de Kyoto arborent des designs exceptionnels qui peuvent représenter des portraits aux traits délicats, mais aussi des formes géométriques ou des ambiances florales.

Ces éventails possèdent de 50 à 100 rayons, sachant que l’on destine ceux de plus de 100 rayons à la décoration. Ils peuvent se doter d’une poignée en bambou comme à l’habitude, d’un manche en cèdre ou alors d’une poignée laquée.

Nara uchiwa

Dans la région de Nara, on peut trouver des éventails artisanaux en papier japonais perforé de façon à former des motifs. L’éventail uchiwa de Nara est sculpté sur le papier de façon si nette, qu’on dirait qu’il est fabriqué par une machine. Pourtant l’artisan est bel et bien humain.

Le plus connu s’appelle Tadashi Ikeda. Il confectionne des éventails design, avec de nombreux détails. Ces œuvres d’art nécessitent un travail minutieux et des découpes précises qui s’effectuent entièrement à la main.

Si vous passez dans la région, n’hésitez pas à explorer sa boutique nommée Ikeda Gankodo. Le magasin propose aussi des ateliers de fabrication d’éventails de Nara.

Le Japon directement dans votre boîte mail !

Indiquez votre adresse email et recevez nos derniers articles.