Le koinobori pour la fête des enfants

Le koinobori pour la fête des enfants

Le koinobori est la star du 5 mai, le jour de la fête des enfants au Japon. Les familles profitent de ce festival pour accrocher des koinobori en papier ou bien en tissu. Découvrez l’histoire et les symboles liés à cette banderole japonaise.

Qu’est-ce qu’un koinobori ?

Le koinobori peut se traduire par « banderole de carpe ». C’est une manche à air en forme de carpe koï. Ces bannières traditionnelles servaient à célébrer le « Tango no sekku », la fête des jeunes garçons.

koinobori japonais

Aujourd’hui renommée en « kodomo no hi », elle célèbre tous les enfants. Les festivités ont lieu le 5 mai. Elles clôturent la Golden Week, la semaine de 4 jours fériés au Japon.

Pendant cette période, les Japonais suspendent des koinobori en toile ou bien en papier. Cet objet typiquement japonais annonce l’arrivée de la belle saison, tout comme le fūrin évoque l’été.

Pour célébrer le kodomo no hi, les villes japonaises arrangent de grandes installations avec des centaines de poissons koinobori qui flottent comme des cerfs-volants. L’évènement reste très populaire dans tout l’archipel. D’avril à mai, on peut même trouver des carpes koinobori en remplacement des manches à air sur le bord des routes.

Les origines de la fête des enfants

Le kodomo no hi est une célébration d’origine chinoise, qui correspond à la fête des bateaux-dragons. Elle fait partie des fêtes sekku, c’est-à-dire les festivals saisonniers, qui annoncent un changement de saison.

Cette manifestation apparaît au Japon pendant l’époque Nara (710 – 794). Elle s’appelle alors : Tengo no sekku. Les festivités se résument à célébrer les joncs odorants shōbu (une plante semblable à l’iris), dont on accroche les feuilles aux portes.

Peu avant l’ère Edo (1600 – 1868), ce festival devient la fête des garçons. Les samouraïs en particulier, accordent une grande importance à l’évènement.

C’est à ce moment qu’apparaît la tradition de donner une partie d’armure de samouraï aux jeunes garçons afin de leur souhaiter une bonne santé. Les Japonais adoptent également la coutume du bain de shōbu.

On utilise le symbole de la carpe dès le 18e siècle

Les pratiques associées au Tengo no sekku se développent encore pendant l’ère Edo. Le symbole de la carpe émerge au 18e siècle, quand les marchands et artisans commencent à l’utiliser. En 1948, la fête obtient son nom définitif de kodomo no hi.

Quelques habitudes des célébrations d’antan subsistent. Même si la tradition de l’armure n’a plus vraiment lieu, les familles avec des garçons continuent d’exposer la gogatsu ningyō, une poupée samouraï.

poupée samouraï gogatsu ningyō
Gogatsu ningyō

Son nom peut se traduire par « poupée de mai » ou « poupée du cinquième mois ». À défaut de cette figurine samouraï, les enfants peuvent confectionner des casques de guerriers japonais en papier, ou de petits origamis.

Casque de Samouraï en papier pour fête des enfants et koinobori
Casque de Samouraï en papier

La coutume du bain aux feuilles d’acore persiste encore, même si elle est de moins en moins répandue. Si la plante ne s’utilise pas dans la baignoire, on peut toujours s’en servir pour conjurer le mauvais sort. Pour cela, on suspend quelques feuilles de shōbu et de yomogi sur sa porte.

Les rituels peuvent changer d’une région à l’autre. Par exemple, dans le Kansai on expose le hariko no tora, une figurine de tigre en papier, qui se place à côté du casque de samouraï.

hariko no tora
Hariko no tora

Cette statuette possède un cou exagérément long, parfois avec une tête mobile. Elle représente une protection pour l’enfant. On donne ce petit tigre pour célébrer le premier festival d’un enfant.

Quand ils ne possèdent pas de jardin, nos amis nippons peuvent toujours se rabattre sur les koinobori en papier pour l’intérieur. Ces miniatures s’appellent kazarikoi, et offrent l’avantage de prendre peu de place. Dans le même esprit, on peut aussi fabriquer des fanions en forme de carpe japonaise, que l’on accroche chez soi.

kazarikoi, koinobori d'intérieur
Kazarikoi

Pourquoi la banderole s’inspire-t-elle de la carpe koï ?

La forme du koinobori japonais vient d’une ancienne légende chinoise. Ce mythe raconte l’histoire de carpes remontant le fleuve jaune. Selon ce récit, la carpe koï était le seul poisson capable de franchir l’imposante cascade appelée « porte du dragon ». On dit qu’en sautant avec détermination, la carpe réussit à surmonter la chute d’eau. Après cet exploit, elle s’envola, puis se transforma en dragon.

Avec le symbole du contre-courant, l’histoire parle de ténacité et de force. Ce sont deux caractéristiques que l’on attribue à la carpe koï. Ce poisson représente désormais le courage et le succès; des qualités que l’on souhaite aux jeunes enfants lors de la fête kodomo no hi.

D’où vient la forme de la banderole carpe ?

La forme du koinobori ferait référence aux drapeaux qu’arboraient les combattants pendant la période Sengoku.

Durant cette période, qui s’est déroulée du milieu du 15e siècle à la fin du 16e, les samouraïs livraient bataille avec les étendards de leur clan. Certaines de ces bannières pouvaient représenter des carpes afin de symboliser la force.

Ces étendards gagnent en popularité au début de l’ère Edo. Les familles de guerriers-samouraïs déployaient une bannière décorée de l’insigne familial dans le but de fêter la naissance d’un garçon. Cette tradition s’est ensuite généralisée, avant que le drapeau ne devienne une carpe.

On suspendait le drapeau poisson devant sa maison, pour souhaiter force et courage aux garçons. À cette époque, les koinobori étaient tous noirs. Ce n’est qu’à partir de l’ère Meiji qu’apparaissent les variantes, avec la carpe koinobori rouge, rose ou encore orange.

Aujourd’hui, on trouve des manches à air japonaises de toutes sortes. Vous pourrez découvrir des  banderoles de carpes japonaises traditionnelles sur Amazon, mais aussi tout un tas d’objets et d’accessoires inspirés du célèbre drapeau en forme de poisson.

Comment utiliser le koinobori ?

La plupart du temps, on suspend les Koinobori sur des perches en bambou en respectant un ordre défini. On commence par la carpe noire, qui symbolise le père. Elle s’appelle « magoi », et doit être la plus grande. Ensuite, on place une deuxième carpe rouge ou rose, nommée « higoi », qui évoque la mère. Finalement, on ajoute autant de carpes qu’il y a d’enfants dans le foyer. Chaque poisson représente l’un des enfants, dans l’ordre des âges. Le plus petit poisson correspond au plus jeune.

Les accessoires traditionnels du koinobori

À l’extrémité du mât qui supporte les koinobori, on installe un « yaguruma ». Ce mot vient de ya, qui veut dire « flèche » et de guruma pour « roue ». L’objet ressemble à un moulin à vent doré, surmonté d’une boule.

yaguruma pour koinobori
Yaguruma

Dans le passé, cet objet s’appelait « Okishiro » et on y ajoutait des tissus rouges ou jaunes pour inviter les dieux. Lorsqu’il tourne à cause du vent, il sonne comme « kara kara », ce qui doit attirer les dieux.

On place aussi un talisman sous le yaguruma, le « fukinagashi ». Cette autre banderole s’utilise comme une protection. Elle possède 5 couleurs, qui viennent du Gogyousetsu, la cosmologie chinoise. Selon ses principes, le noir désigne l’eau, le blanc l’or, le jaune la terre, le rouge le feu et le bleu l’arbre. Aujourd’hui on trouve également des versions modernes multicolores qui peuvent symboliser la rivière.

Yaguruma, fukinagashi et koinobori
Yaguruma, fukinagashi et koinobori

Si vous assistez à un festival, vous pourrez peut-être remarquer certaines carpes avec un petit garçon rouge sur le dos. Ce personnage représente Kintarou, une figure légendaire du Japon. Ce jeune garçon possédait une grande force. Selon le mythe, il aurait combattu et vaincu une carpe géante.

Comment est-ce qu’on célèbre le jour des enfants au Japon ?

Le 5 mai, les familles avec des garçons exposent dans leur maison l’armure de samouraï « yoroi », ainsi que le casque de samouraï « kabuto ». Certaines choisissent le Gogatsu ningyo, la petite poupée en armure samouraï. Ces objets sont présentés dans la maison pour apporter de la force aux garçons.

Dans les foyers japonais, les décorations se préparent à partir de la fin avril pour le 5 mai. La famille suspend les koinobori à l’extérieur pour le plus grand plaisir des enfants. Au début du mois de mai, on peut aussi croiser des écoliers qui rentrent chez eux avec les koinobori qu’ils ont fabriqués pendant les cours.

Une autre coutume veut que l’on place des fleurs d’Iris devant sa maison. On choisit ces fleurs, car on leur prête le pouvoir de protéger les enfants. Grâce à leur forme qui rappelle le katana (le sabre japonais) et à leur fort parfum, ces fleurs feraient fuir les démons.

Comme dans pratiquement toutes les fêtes japonaises, la nourriture occupe une place essentielle. Le festival des enfants permet de déguster quelques friandises traditionnelles.

On sert des kashiwa mochi, de petits mochis fourrés à la pâte de haricot rouge et entourés d’une feuille de chêne. Les Japonais ne choisissent pas la feuille de chêne par hasard. Le fait que les feuilles du chêne ne tombent que quand de nouvelles poussent, font de cet arbre le symbole de la prospérité des descendants.

Kashiwa mochi pour fête des enfants et koinobori
Kashiwa mochi

Le jour de la fête des enfants, on peut aussi manger des Chimaki, des pâtisseries japonaises à base de pâte de riz, enroulées dans une feuille de bambou.

Chimaki pour fête des enfants et koinobori
Chimaki

Le Koinobori japonais dans la culture

La célèbre carpe volante se retrouve dans tout le Japon et certaines régions en font un évènement extraordinaire. C’est le cas du festival de Tatebayashi, dans la préfecture de Gunma au nord de Tokyo. Il propose quelques 5 000 Koinobori à découvrir dans 5 lieux de la ville. La commune détient même le record du plus grand nombre de koinobori de 2015 avec 5 135 carpes japonaises !

En dehors des festivals, on peut aussi trouver des traces du koinobori dans la pop culture. Si vous connaissez la série Pokémon, regardez le Magicarpe de plus près. Vous pourrez remarquer qu’il s’inspire largement du poisson koinobori. En plus, ce Pokémon évolue en dragon, comme dans la légende chinoise.

Plusieurs chansons et comptines parlent du koinobori. L’une des plus populaires est sans doute celle écrite par Kondô Miyako en 1930 dont voici les paroles.

« yane yori takai koinobori

Plus haut que les toits, koinobori

ookî magoi ha otôsan

La grosse carpe noire, c’est papa

chiisai higoi ha kodomotachi

La petite carpe rouge, ce sont les enfants

omoshirosô ni oyoideru

Ils nagent de façon amusante »

Dans les paroles de cette chanson, on ne parle pas encore de la mère (1930 oblige). La première carpe représente le père et les suivantes évoquent les enfants. On compte sur vous pour mémoriser cette chanson d’ici le 5 mai !

Le Blue Koinobori Project, une initiative touchante

Pour terminer, nous souhaitions vous parler du Blue Koinobori Project, qui a lieu dans la ville de Higashimatsushima aux alentours du 5 mai.

Ce projet a été créé par Kento Ito, pour rendre hommage aux disparus du tsunami du 11 mars 2011, dont son petit frère de 5 ans faisait partie.

Pour honorer sa mémoire, Kento Ito a eu l’idée d’ériger des koinobori dans la ville. Il a choisi des carpes bleues, pour correspondre au koinobori que possédait son petit frère.

Pour soutenir son projet, des Japonais de tout l’archipel envoient des carpes bleues avant le 5 mai. Ils y écrivent des souhaits, ainsi que des pensées réconfortantes pour la ville.

L’organisateur se fait aider par des habitants, ainsi que par des bénévoles pour mettre en place tous les koinobori. En dehors de l’installation des koinobori bleus, l’évènement propose aussi des performances de danse et de tambour.

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